Stand de tir au fort d’Emines: réagir avant le 17 mars

Enquête publique pour l’installation d’un stand de tir au Fort d’Emines (zone verte) : ce qu’il faut savoir et ce qu’il faut faire !

1) Toute la zone du fort et de la drève figure en zone verte au plan de secteur. Ce qui implique :

La zone d’espaces verts est destinée au maintien, à la protection et à la régénération du milieu naturel. Elle contribue à la formation du paysage ou constitue une transition végétale adéquate entre des zones dont les destinations sont incompatibles.

Art. D.II.38 du Codt

2) Le demandeur (Société Royale Cercle de Tir Namurois) s’est vu refuser le renouvellement de son permis d’exploitation sur son emplacement actuel à Ronet. Malgré un recours, le permis d’environnement a été refusé le 14/09/2020 par le ministre en charge à la Région Wallonne.
C’est pour cette raison que le club de tir cherche un autre emplacement pour s’installer. Le prix demandé pour acquérir le Fort (550.000€), et l’ampleur des travaux (7 stands de tir: voir plans) laisse envisager une installation sur le très long terme.

3) Toutes les personnes concernées par ce projet peuvent :

  • réagir à l’enquête publique de manière individuelle en présentant ses arguments (voir ci-dessous)
  • contacter immédiatement la commune pour faire cesser les abattages anticipatifs (081/236.500)

Il n’est pas trop tard pour vous faire entendre !
Que vous soyez résident de Emines, Namur, ou d’ailleurs, simple promeneur ou usager des lieux, votre avis compte !
Attention: les pétitions sur internet ne sont pas recevables dans le cadre d’une enquête publique !
Une enquête publique est organisée par chacune des deux communes riveraines du site:

VILLE DE NAMUR – service Urbanisme, Hôtel de Ville à 5000 Namur
jusqu’au 17 mars 2021 : par email ou courier postal
urbanisme@ville.namur.be
N’oubliez pas de mentionner :
la date, votre nom, prénom et adresse postale
la référence du dossier: CU2CODT/STM/10/2021
L’avis d’enquête publique est consultable sur le site de la Ville de Namur

VILLE DE LA BRUYERE – Collège Communal, 1 rue des Dames Blanches à 5080 RHISNES
jusqu’au 10 mars 2021 : par courier postal seulement
N’oubliez pas de mentionner :
la date, votre nom, prénom et adresse postale
la référence du dossier:
Certificat d’urbanisme n°2 – construction des stands de tir couverts dans l’enceinte du Fort d’Emines
L’avis d’enquête publique est consultable sur le site de la Ville de La Bruyère

Voici quelques sources d’inspiration, mais votre avis personnel d’usager ou de riverain du site est encore plus important !

  • les nuisances sonores :
    • pour la faune : oiseaux, chauves-souris
    • pour les riverains et les cavaliers du manège situé à 1000 mètres
    • pour les promeneurs et joggers, fréquents sur ce site très calme à proximité de la ville
  • présence d’un manège très actif à 1000 mètres du site, avec de jeunes cavaliers qui risquent d’avoir des difficultés à maîtriser leur monture si les coups de feu venaient à l’emballer
  • la proximité de l’autoroute n’est pas une excuse
    les explosions irrégulières d’armes à feu causent une nuisance bien plus grande que la rumeur continue d’une autoroute, qui ne dépasse pas les 59 dB(A) d’après les dernières mesures. Pensez en particulier aux chevaux du manège et aux jeunes cavalier.ère.s qui apprennent à monter.
  • le demandeur a des problèmes de voisinage sur son site de tir actuel à Ronet
    Sur son emplacement actuel à Ronet, le demandeur (Société Royale Cercle de Tir Namurois) a eu des relations difficiles avec ses riverains (voir historique du Collectif Salzinnes Demain) et a tardé à se mettre en conformité par rapport aux normes de bruit (mesuré à plus de 88 dB(A) en 2018).
    Pourquoi en irait-il autrement à Emines ?
  • respect des normes de bruit
    au cas où le certificat d’urbanisme serait octroyé, imposer la mention dans le certificat que l’autorisation d’exploitation restera conditionnée au respect des normes de bruit les plus sévères, sur base de tests réguliers effectués à la demande des riverains, en situation réelle et en tenant compte de toutes les conditions de vent, qui affectent considérablement la propagation du bruit dans cette zone de grandes étendues plates et cultivées.
  • la hausse de fréquentation sur le site dans un quartier champêtre et paisible, aura des répercussions négatives sur la mobilité dans le voisinage (demande d’élargissement du chemin d’accès à 2 voies et 62 places de parking)
  • incompatibilité avec les activités de loisir et de visite
    les activités pour enfants, stages verts, visites patrimoniales et promenades ne seront plus compatibles avec la nouvelle activité du site (tir d’armes à feu), sa fréquentation, et l’emplacement des stands de tir qui couvriront l’ensemble des fossés intérieurs.
  • la disparition d’une zone sauvage très rare où la nature a été libre pendant plus de 40 ans de reprendre ses droits, depuis l’abandon du fort par l’armée
  • Ce lieu abrite une faune exceptionnelle; l’intérieur du fort constitue un gîte d’hibernation pour deux espèces de chauves-souris (*) :
    • Myotis mystacinus/brandtii : le Murin à moustaches/Murin de Brandt (la chauve-souris étant en hibernation, il est impossible de faire la différence entre ces deux espèces lors des inventaires hivernaux) et,
    • Plecotus auritus : l’Oreillard roux.
  • La procédure telle qu’initiée, si elle venait à aboutir, garantirait de facto aux demandeurs l’acceptation du permis d’urbanisme après achat du fort. Or :
    • Aucune étude d’incidence n’a été réalisée pour cette activité sur ce site. Aucun avis scientifique et objectif sur l’impact pour les riverains et l’environnement n’a été émis. Les seules données nous ont été communiquées par les demandeurs qui, plus que probablement, auront tendance à minimiser l’impact de cette activité.
    • Etant donné la nature du site, il nous semblerait important que l’observatoire de la biodiversité de Wallonie et Natagora soient consultés avant d’approuver une enquête qui concerne un des forts de la ceinture namuroise, qualifiée de grand intérêt biologique par l’observatoire de la biodiversité et abritant des espèces protégées.
  • un mauvais signal dès le départ : en toute illégalité, seulement 2 semaines avant le début de l’enquête publique, plusieurs particuliers (voitures avec remorques) ont abattu une partie des arbres présents le long du chemin d’accès, là où le demandeur souhaite aménager le parking, et cela, sans demander de permis d’urbanisme à la commune de Namur, ce qui est pourtant obligatoire pour tout abattage en zone d’espace vert. Avant même l’enquête publique, il y a des actes illégaux.
    Pure coïncidence ? Il y a fort à parier que la réglementation concernant l’environnement ne sera pas mieux respectée à l’avenir.

Ne serait-il pas plus judicieux de chercher un site dans un zoning industriel qui ne souffrirait pas de nuisances le week-end ? Il n’en manque pas en région Namuroise, pour probablement un prix moindre que le prix demandé pour le fort.
Dans la mesure où le demandeur demande une dérogation au plan de secteur, pourquoi ne pas investir une parcelle agricole isolée qui n’impacterait pas la biodiversité comme l’activité impacterait celle du fort d’Emines ?

(*) Ces espèces sont mentionnée dans l’Annexe 2a du décret du 6 décembre 2001 modifiant la Loi du 12 juillet 1973 de la Conservation de la Nature qui indique (Article 2) que ces espèces sont intégralement protégées (espèce strictement protégées en vertu de l’annexe IVa de la Directive 92/43/CEE et de l’annexe II de la Convention internationale de Berne)
Cette protection implique notamment l’interdiction de perturber intentionnellement ces espèces, notamment durant la période de reproduction, de dépendance, d’hibernation et de migration. Elle implique également l’interdiction de détériorer ou de détruire les sites de reproduction, les aires de repos ou tout habitat naturel où vivent ces espèces à un des stades de leur cycle biologique.
Elles sont également reprises au sein de la Directive Faune-Flore-Habitat (CE/92/43 – Annexe 4) : espèces strictement protégées. La capture et la mise à mort intentionnelle est interdite tout comme la perturbation des phases critiques du cycle vital et la destruction de leurs aires de repos et de leurs sites de reproduction.

Données fournies à titre gracieux par le SPW/DEMNA et collaborateurs
Pour plus d’informations concernant les espèces et la législation : Les chauves-souris de Belgique