Quartier Léopold : rencontre entre Ramur, Besix RED et les architectes

La ville de Namur a organisé le 16/09/21 une rencontre entre l’asbl RAMUR et les porteurs du projet du futur quartier Léopold (le promoteur Besix RED et le bureau d’architecture Viguier).

Au cours de cette réunion, Ramur a pu présenter les modifications qu’elle proposait dans son projet alternatif – pour mémoire, la préservation d’une bonne moitié du parc Léopold et de ses arbres au prix d’une réduction de 30% des superficies brutes du projet.

Les architectes ont de leur côté maintenu que leur projet proposait des espaces verts en plus grand nombre et de meilleure qualité que le parc à abattre, et que la perméabilité avec le quartier existant était au centre de leurs préoccupations. Malheureusement, il s’agit d’espaces verdurisés en grande partie perchés et privatisés, contrairement au parc Léopold qui lui est de pleine terre et directement accessible au public. Les éléments verdurisés “offerts” par le projet au public sont peut être en quantité mais sont linéaires, n’ont aucune profondeur et sont au mieux constitués d’arbres en pot.

Le promoteur Besix RED a quant à lui réaffirmé qu’une taille minimale était nécessaire pour assurer la viabilité financière de son projet. Nous n’obtiendrons sur ce point aucune validation chiffrée, mais si la rentabilité pour le promoteur est une chose, le bénéfice collectif en est une autre. Par rapport à la dégradation continue du parc Léopold ces dernières années, le promoteur a ainsi beau jeu de nous présenter ce projet comme une amélioration pour la ville. C’est oublier que le parc fonctionne très bien lorsqu’il est un peu entretenu, qu’il apporte de nombreux services aux passants ( température, ombrage,…) en particulier par sa position parfaite dans l’axe du commerce namurois, et que rien ne peut remplacer des arbres de cette taille à court où moyen terme.
Besix RED a également confirmé que la ville de Namur, comme bien d’autres administrations, préfère déléguer la gestion d’espaces publics urbains ”difficiles” à des opérateurs privés.

En matière d’urbanisme, au delà de nos divergences quant au rapport entre densité et espace verts, une ligne de force très claire se dégage du projet: la volonté de soigner l’accès et la perspective ouest, depuis la place de la station (emplacement de l’actuel C&A). Il nous faut souligner la volonté des architectes d’obtenir un résultat très qualitatif. Mais le choix de considérer l’ensemble de la parcelle comme un bloc à urbaniser, ou d’étendre le parking sous l’ensemble du site, se fait au dépriment du parc et de la fluidité avec la rue de Fer, dont la perspective dans le projet proposé est barrée par un escalier de 6 mètres de haut. Plutôt qu’un recul qui offrirait une transition accueillante, le projet propose une rupture forte par la montée d’escaliers.

Au final, ce choix ne sert qu’à amener de l’horeca avec terrasses en niveau +1, et à capter le chaland pour un « tour de boutiques » dans les 3 niveaux couverts par la grande verrière …

Bref, un centre commercial comme on en a vu mille ces 30 dernières années,  remis artificiellement à la mode par l’argumentation très idéaliste de l’architecte. On se demande qui cela peut encore bien intéresser à l’heure où il est urgent de réfléchir à nos modes de consommation.

Ramur a conclu qu’elle avait fait la démonstration que, loin de mettre en péril la viabilité du projet, la sauvegarde d’une partie de l’espace public arboré rendrait au contraire le nouveau quartier plus attractif, et pas uniquement pour ses nouveaux résidents, mais pour tout le monde. Ramur a donc réitéré son exigence de voir le projet final préserver une partie du parc arboré, de plain pied avec la rue de Fer .

Dialogue courtois, on le souligne car cela fait du bien, mais dialogue de sourds.
Nous ne doutons pas de la qualité du travail effectué par les architectes; ce que nous contestons, c’est le cahier des charges qui leur a été imposé par le promoteur, qui vise à exploiter au maximum « un terrain très convoité à Namur », de l’aveu même de Besix RED.
Les pouvoirs publics de leur côté, en refusant d’imposer la sauvegarde d’une partie du parc et la continuité avec la rue de Fer, laissent les enjeux financiers décider de l’avenir de tout un quartier de Namur.

On espère que les idées distillées vont pouvoir percoler dans la tête du promoteur et de son architecte.
Rappelons à ces nouveaux acteurs que les Namurois.es ont très clairement exprimé en 2015 leur préférence pour un parc arboré plutôt que pour un centre commercial, et que l’ASBL RAMUR a été en mesure de soumettre à l’enquête publique de juin 2021 plus de 3.500 réactions de citoyens opposés au projet.

On aurait aimé entendre la position des représentants de la Ville de Namur par rapport aux marges de manoeuvre restantes, puisque c’est bien la Ville qui doit fixer les orientations du projet dans le sens de l’intérêt collectif.