Aische-en-Refail: réaction au projet immobilier «Les jardins de là-bas»

C’est dans le cadre d’une nouvelle demande de permis d’urbanisme à Aische-en-Refail que Ramur a réalisé un dossier de réaction. La zone concernée par le projet est un ancien camping abandonné depuis 2017 et où la nature a repris peu à peu ses droits. En témoignent les listes d’espèces consultables dans notre dossier de réaction. De par son utilisation comme zone de loisir en plein air depuis près de 70 ans, la nature a été préservée de tout temps sur ce site, avec des occupations peu impactantes sur la biodiversité locale. La présence d’un espace naturel non ou peu perturbé depuis une longue période permet à une biodiversité plus riche de s’y développer et à un écosystème plus résilient de se mettre en place.

Une fois de plus, les enjeux liés à la biodiversité n’ont pas ému le promoteur de ce projet qui propose pas moins de 235 nouveaux logements (pour un village qui en compte environ 550 !), artificialisant de ce fait la quasi-totalité de la zone de plus de 15 ha. Dès l’acquisition de la zone par son nouveau propriétaire, des abattages d’arbres ont commencé. Le site étant repris en zone de loisir au plan de secteur, la mise en œuvre du projet demande par ailleurs une modification de l’affectation au plan de secteur mais également du schéma de développement communal.

A un niveau plus large, ces espaces jouent un rôle important dans le maillage écologique de la région. Dans notre pays où la densité de la population est très importante, nous sous-estimons bien souvent le rôle que peuvent (et doivent) jouer les espaces verts des zones urbanisées dans le maintien d’écosystèmes fonctionnels et interconnectés. En effet, l’isolement de populations vivantes dans des noyaux de biodiversité ne suffit pas, il est très important que les espèces puissent se déplacer, ce qui est favorisé par la maintien de milieux naturels qui forment ce qui est appelé des “corridors écologiques”, un “réseau écologique” ou encore une “trame écologique”. 

Il apparaît que, situé au milieu d’un paysage largement dédié à la culture, cette poche verte joue un rôle refuge important, ce que confirment les témoignages récents recueillis auprès des riverains au sujet de la présence d’oiseaux aux mangeoires, de chevreuils dans les sites boisés, de batraciens sur les routes au moment de leur période de reproduction, etc.

Parmi les multiples atteintes à l’environnement qui seraient causées par ce projet sur le site, citons la destruction et/ou la dégradation de multiples habitats naturels (prairies, forêt, milieux humides, microcavités, etc…), la disparition d’une bonne partie de la futaie existante, le dérangement de la faune causé par les futurs habitants, la perte d’habitats et de zones refuges dans une région qui en est fort dépourvue, la banalisation attendue de la végétation, …

Afin de limiter ces dégradations, nous avons insisté auprès des instances publiques sur l’importance de la réalisation d’inventaires faunistiques et floristiques portant sur une année complète ainsi que de l’abandon du profit et de la rentabilité comme seul objectif pour ce genre de projet, impactant pourtant grandement l’environnement et la qualité de vie des riverains.

Avec les informations biologiques en notre possession, nous avons d’ores et déjà élaboré une contre-proposition prenant d’avantage en compte la préservation de la biodiversité existante sur le site. Ce nouveau projet prévoit notamment que la densité d’habitation soit largement revue à la baisse pour permettre une réduction du projet et donc une préservation intégrale d’une partie du site qui serait dédiée à la biodiversité par l’exclusion de la phase trois et ce y compris la zone incluant l’étang. Il intègre également une préservation intégrale des ligneux existant, la réalisation d’une zone tampon entre le projet immobilier et la zone humide ainsi que la restauration d’un cordon boisé sur tout le périmètre du site (effet lisière).