Étude d’incidences sur l’environnement: rejet de l’alternative proposée par Ramur

L’étude d’incidences confirme largement la valeur ajoutée de l’alternative proposée par l’ASBL Ramur en 2021 sur ses aspects principaux. Les qualités qui lui sont attribuées par l’auteur de l’étude d’incidences sont tellement nombreuses qu’elles méritent d’être synthétisées dans un tableau (voir tableau 1 ci-dessous).

A l’inverse, les critères qui amènent l’auteur de l’étude d’incidences à rejeter l’alternative proposée par l’asbl Ramur nous paraissent tantôt légers et faciles à réfuter, tantôt largement subjectifs et orientés (voir tableau 2 ci-dessous).

Globalement, l’étude d’incidences valide les choix urbanistiques fondamentaux posés par l’alternative de l’asbl Ramur.

En effet, d’après l’auteur de l’étude, l’alternative de Ramur améliore l’équilibre entre les fonctions existantes et futures du quartier, met en connexion directe l’offre Horeca avec l’espace public, contribue à son animation et sa revalorisation, bref, l’alternative s’intègre mieux au contexte urbain et améliore la qualité de vie de ses habitants.

Certains éléments en défaveur de l’alternative de Ramur relèvent du caractère préliminaire de son analyse, qui mériterait largement un approfondissement si elle était retenue : réaménagement de l’espace public au-delà de l’îlot, végétalisation des toitures, mesures compensatoires et d’atténuation, accès au parking.
D’autres éléments en défaveur de l’alternative de Ramur résultent de choix volontaires, comme celui de maximiser l’espace qualitatif accessible au public au sens large, au détriment de l’espace privatif « commun » réservé aux logements et bureaux (terrasse végétalisée commune sur le socle commercial)

L’étude d’incidences ne s’inquiète pas trop pour la diminution de la production immobilière Horeca, mais juge significative la baisse d’offre de surface résidentielle (2500m² soit 35%, 30 logements et 70 habitants).  En compensation, l’afflux massif de nouvelle offre de bureau boulevard Mélot pourrait inciter Besix à exploiter la réversibilité des affectations de surface de son projet pour privilégier le résidentiel. Mais cet afflux va également induire sur Jambes et Namur une vacance d’espace de bureau obsolètes, propice à d’opportuns projets de réaffectation vers le logement. Cette réaffectation relogera sans difficulté les 2500m² ou 30 logements perdus dans l’alternative de Ramur.

Quant au reproche fait à l’alternative de Ramur de manquer d’élément d’appel et de continuité entre la rue de Fer et le nouveau quartier, il suffit de comparer l’escalier de 6 mètres de haut proposée par Besix à l’esplanade arborée ponctuée de terrasses Horeca proposée par Ramur (voir les visuels repris en point 10. ci-dessous).

L’étude d’incidences commet également quelques erreurs dans son interprétation de l’alternative de Ramur : l’emprise du parking proposé respecte strictement l’emprise du bâtiment ‘Le Namur’ existant, et ne remet donc pas en question la survie des arbres du square qui s’y portent à merveille depuis des décennies. De même, l’alternative proposée par Ramur préserve l’entrée principale coté ouest (place de la gare).

Etrangement, c’est sur le volet environnemental que l’étude d’incidences trouve le moins de mérite à l’alternative proposée par l’asbl Ramur, et lui accorde tout au plus des qualités paysagères, la réduction du volume des excavations et la limitation les problèmes d’égouttage.

Il est proprement ahurissant de lire dans une étude d’incidences environnementale que la conservation d’un square de 32 ares de pleine terre plantés de 20 arbres matures et sains ne pourrait développer autant de biodiversité que son élimination et sa compensation sous forme de 26 ares « d’espaces végétalisés de plus grande qualité » – comprenez plantés sur sol artificialisé et toitures vertes.

Conclusion :
L’étude environnementale se contente de rejeter en bloc l’alternative de Ramur, alors qu’il suffirait de mettre en œuvre une fraction des recommandations émises dans ladite étude pour que le réaménagement des 32 ares du parc de pleine terre offre des perspectives de renforcement de la biodiversité sans commune mesure avec ce qui propose le projet de Besix sur un sol artificialisé.
Encore une étude d’incidences environnementales qui cautionne la logique de plus en plus démodée de la compensation au détriment de la préservation d’un existant sain et prospère.
Nous sommes convaincus que le seul aspect qui justifie le rejet de l’alternative proposée par l’asbl Ramur est justement celui qui est à peine effleuré par l’étude d’incidence, à savoir sa moindre contribution en matière de production immobilière, et donc à la rentabilité financière globale du projet.

Ces sujets vous interpellent ? Réagissez avant le 24 mai 2023 à l’enquête publique sur le permis intégrée; nous avons rassemblé ici tous les détails pratiques.

Tableau 1 – points d’évaluation positive de l’alternative de Ramur
1. Implantation « … la conservation partielle des arbres du Square Léopold et le réaménagement de cet espace public végétalisé… » et « … la conservation de surfaces de pleine terre et d’arbres à haute tige… » « …est positif pour la qualité de vie des habitants… »  « … permet de lutter contre les effets d’îlots de chaleur urbains …»« … permet de limiter fortement les vis-à-vis entre les logements projetés et les logements existants… » ARIES (2), p. 608
2. Qualités urbanistiques et paysagères « L’alternative étudiée présente des qualités urbanistiques et paysagères, dont la principale étant la conservation et le réaménagement de la portion sud-est du Square. Ainsi, le choix de conserver une zone non bâtie accrue apporte une plus-value à l’alternative par rapport au projet, à l’échelle du site et du quartier. » ARIES (3), p. 100
3. Services, équipements et intégration au quartier« …(la) réduction des surfaces commerciales et des activités de loisir au profit d’équipements de quartier (espace culturel, crèche, point poste, … permet un meilleur équilibre entre les fonctions qui profitent aux habitants à l’échelle du quartier et celles qui profitent aux personnes se rendant dans le centre-ville» ARIES (2), p. 609, ARIES (3), p. 100 « L’accroissement de la capacité d’accueil de la petite enfance en milieu urbain dense est, quoiqu’il en soit, pertinente… Le point poste, quant à lui, permettrait de remplacer la librairie Night & Day, présente actuellement sur le site, et qui constitue un point relais Bpost. » ARIES (2), p. 612 « …les équipements prévus dans l’alternative profiteront, quant à eux, d’une plus grande manière aux habitants et à l’animation du quartier… » ARIES (2), p. 613
4. Revalorisation et animation du quartier«… (l’alternative) permet donc de revaloriser cet espace public existant et de l’animer, notamment en le mettant en connexion directe avec les terrasses HoReCa, le point poste et l’espace à vocation culturelle et artistique qui sont prévus au rez-de-jardin. » ARIES (2), p. 612
5. Diminution des fonctions commerciale et Horeca « Cette diminution de l’offre HoReCa dans le cadre de l’alternative par rapport au projet de base n’aura, a priori, que peu d’impact sur la redynamisation attendue pour le centre-ville… » ARIES (2), p. 611  « Avec une surface nette de vente de 12.300 m², le volet commercial de l’alternative conserve a priori un potentiel pour redynamiser le commerce du centre-ville » ARIES (2), p. 613
6. Sols, sous-sol et eaux souterraines « … la limitation des excavations pour l’alternative permet d’éviter de devoir creuser dans le substrat rocheux et de réduire le volume de terres polluées à excaver… » ARIES (3), p. 101 « …(le rabattement réduit de l’eau souterraine) limite donc les risques de tassements et de stabilité pour le sol et les constructions aux alentours… » « le débit d’eau pompée sera moins important à rejeter vers un milieu récepteur que pour le projet de base » ARIES (2), p. 616 « …l’effet barrage sera moins important… » ARIES (2), p. 616
7. Hydrologie et égouttage « … la surface perméable conservée permettrait la mise en place de dispositifs d’infiltration des eaux pluviales provenant des surfaces imperméables du site … Cela permettrait de limiter les rejets d’eaux pluviales vers le réseau d’égouttage ou vers la canalisation de l’ancien Houyoux ou vers le Houyoux au nord. »  ARIES (3), p. 101
Tableau 2 – points d’évaluation négative de l’alternative de Ramur
8. Fonction résidentielle « … Concernant les logements prévus dans l’alternative, contrairement au projet, ceux-ci ne bénéficieront pas de terrasses privatives ou de terrasse végétalisée commune (sur le socle commercial) comme prévues par le projet de base, et apparaissent, de ce fait, moins qualitatifs.» ARIES (2), p. 609
[réponse de Ramur]:
Le parti pris de l’alternative proposée par l’asbl Ramur est de maximiser l’espace qualitatif accessible au public au sens large, au détriment de l’espace privatif « commun » réservé aux logements et bureaux que constitue « la terrasse végétalisée commune sur le socle commercial »Notons que l’alternative proposée par Ramur s’est limitée à modifier l’implantation globale (plan général et rendu sans détail ni texture), ce qui est d’ailleurs bien compris par l’auteur de l’étude d’incidences qui parle d’esquisse (ibid p. 610) (ce qui ne permet pas de juger de manière définitive la façon dont les différentes fonctions seront implémentées (en particulier l’agencement et les surface des terrasses ou balcons privatifs)
9. Espace public « … L’alternative 1 ne prévoit pas le réaménagement de l’espace public au-delà de l’îlot (avenue de la gare, rue Borgnet et rue de Fer), malgré la nécessité d’agir sur ces espaces…» ARIES (2), p. 609
[réponse de Ramur]:Limitée à l’étude d’implantation générale, l’alternative proposée par l’asbl Ramur n’a pas analysé le réaménagement de l’espace public au-delà de l’îlot.
10. Qualités urbanistiques« Depuis la rue de Fer, plusieurs entrées (commerces et HoReCa) sont visibles, ainsi que les gradins en second plan, qui ne s’inscrivent pas dans l’axe de la rue. Aucun élément ne constitue dès lors un élément d’appel clair entre les bâtiments projetés et cette rue commerçante…» ARIES (2), p. 610
[réponse de Ramur]:
Peut-on affirmer avec certitude qu’un escalier-gradin de 6 mètres de haut offant un recul de moins de 35 mètres, barrant la perspective avec la rue de Fer, constitue « un élément d’appel clair entre les bâtiments projetés et cette rue commerçante » ? Nous en doutons. Le projet de Besix propose un recul limité de 35 mètres, pour un bâtiment culminant à 19,5 mètres. L’alternative proposée par Ramur place l’escalier en gradin en fond d’esplanade, à plus 70 mètres de l’entrée de la rue de Fer.La perspective sud-est ne fait pas partie des points forts du projet présenté par Besix, puisque tout rendu réaliste de cet angle est soit exagérément élargi en vue super grand-angle (VIGUIER (1), pp. 46, 99), soit masquée derrière des promesses de végétation (VIGUIER (2), [01:57])

Pour s’en convaincre, il suffit comparer ces deux perspectives ci-dessous:
11. Milieu naturel « Cette alternative ne prévoyant par contre pas la végétalisation des toitures, celle-ci induira une diminution de 2.638 m² de la superficie totale d’espaces végétalisés par rapport au projet de base. En outre, l’alternative 1 ne permettra pas de diversifier les milieux naturels comme le projet de base étant donné que celle-ci prévoit la conservation du Square (dont la valeur écologique est modérée et possédant des zones de pleine terre compactées et endommagées). Enfin, les mesures d’atténuation du projet de base permettront notamment d’apporter des milieux de fourrés frais à thermophiles et de prairie méso-xérophile en toiture. De telles mesures ne sont pas prévues dans l’alternative 1. »  ARIES (3), p. 101
[réponse de Ramur]:
Reprocher à l’alternative de l’asbl Ramur de « développer une moins grande biodiversité que le projet de base » est une énormité « contre-inutitive » comme reconnu par l’auteur de l’étude d’incidence. Rappelons que l’alternative de l’asbl Ramur propose de conserver 32 ares de pleine terre et 20 arbres remarquables, certains plus que centenaires. Pour une fraction infime du budget de compensation verte proposé par le projet de base, le réaménagement des 32 ares du parc de pleine terre offrirait des perspectives de renforcement de la biodiversité sans commune mesure avec ce qui propose le projet de base sur un sol artificialisé.Rappelons aussi que les autorités contribuent autant qu’elles le peuvent à l’affaiblissement du parc actuel, tout récemment en abattant tous les massifs d’arbuste pour des motifs d’insécurité.L’alternative proposée par l’asbl Ramur n’a pas analysé la végétalisation des toitures, ni de mesures compensatoires ni d’atténuation. Toutefois, si cela est jugé opportun, ces améliorations pourraient elles aussi être envisagées pour l’alternative proposée par l’asbl Ramur.En outre,  L’asbl Ramur estime limité le bénéfice à long terme des toitures végétalisées (arrosage, entretien et renouvellement….) et des plantations d’ornement hors sol, qui sont financées lors de la construction du projet, mais très rarement dans le suivi à long terme.
12. Ecarts au prescription SOL et PRU « Néanmoins, l’alternative ne prend pas en compte toutes les prescriptions établies par le S.O.L. et le PRU. …. Nombre et localisation des entrées du bâtiment (l’alternative prévoit une entrée principale au niveau de la rue du Fer, alors que le PRU en prévoit 3 (une à chaque extrémité de l’îlot)) …» ARIES (3), p. 101
[réponse de Ramur]:
Il s’agit ici d’une mauvaise lecture de l’alternative proposée par l’asbl Ramur, qui maintient l’entrée ouest (côté gare) proposée par le projet de base.
13. Accès Parking« A l’échelle locale, soulignons toutefois une grosse incertitude quant au raccordement du parking du projet alternatif, impliquant soit d’impacter davantage le Square, soit un doublement du trafic local par rapport au projet de base, et dès lors des problèmes de congestion. » ARIES (2), p. 619
[réponse de Ramur]:
Limitée à l’étude d’implantation générale, l’alternative proposée par l’asbl Ramur n’a pas analysé de manière détaillée les flux. L’alternative proposée pourra être amendée pour intégrer cette analyse.
14. Préservation des arbres du parc « Finalement, la faisabilité de conserver le parc existant n’est pas acquise compte tenu (1) des emprises nécessaires pour accéder au parking souterrain, et (2) de la nécessité d’augmenter la superficie du parking sous le Square afin de proposer une offre comparable à celle du projet. » ARIES (2), p. 620
[réponse de Ramur]:
Cette critique non-étayée nous semble tout-à-fait spécieuse.En effet, il est difficile de voir en quoi l’accès au parking souterrain, même élargi, pourrait à lui seul justifier l’abattage des 32 ares de parc préservés dans cette alternative. Il en va de même pour l’emprise au sol du parking de l’alternative proposée par l’asbl Ramur respecte strictement l’emprise du bâtiment ‘Le Namur’ existant, au bord duquel les arbres du square se portent à merveille depuis des décennies.
15. Diminution de la production immobilière « Le nombre de logements baisse d’environ 30 unités26 ce qui représente une réduction potentielle d’environ 70 habitants » ARIES (2), p. 612 « Cependant, l’alternative représente une contribution moindre en matière de production immobilière  résidentielle alors que le projet est déjà relativement modeste dans son offre en logements afin de contribuer à moyen terme à la croissance attendue des ménages. » ARIES (2), p. 620
[réponse de Ramur]:
Nous ne doutons pas que les 2.500 m² (35%) perdus par cette alternative pourront se reloger ailleurs. Il suffit de songer à l’appel d’air que va provoquer la nouvelle offre massive de surface de bureau boulevard Mélot (> 50.000m²), Qui peut inciter Besix à exploiter la réversibilité des affectations de surface de son projet pour privilégier le résidentiel qui va vider de nombreux espaces de bureau à réaffecter, ailleurs à Jambes ou ailleurs à Namur.
Références :
ARIES (1), Étude d’incidences sur l’environnement, Rapport final, volume I, 2023
ARIES (2), Étude d’incidences sur l’environnement, Rapport final volume II, 2023
ARIES (3), Étude d’incidences sur l’environnement, Résumé non-technique,2023
VIGUIER (1), Namur Quartier Léopold – Note Explicative – Viguier 2023
VIGUIER (2), Quartier Léopold, un lieu d’expérience pour les Namurois, 2022
(vidéo accessible sur https://www.youtube.com/watch?v=4YvS2V9vJlc ou https://lieudexperiencenamurois.be/)
BILDSTEIN, Présentation au Collège Communal de Namur de l’alternative proposée par Ramur pour le Quartier Léopold, 27/04/2021 (http://ramur.be/wp-content/uploads/2021/01/College_Communal_Quartier_Leopold_20210427.pdf)